L’actif crypto cité en exemple de stabilité au parlement. Laissez-moi vous raconter cette incongruité politique.
👀 « L’électricité est plus risquée que le hashtag #bitcoin »
L’actif crypto cité en exemple de stabilité au parlement. Laissez-moi vous raconter cette incongruité politique.
J’avoue, j’ai un petit faible pour l’anticonformisme.
Alors quand, dans un argumentaire pour s’opposer à un projet de loi sur la gouvernance énergétique, un député vient à invoquer le prix de la cryptomonnaie comme modèle de stabilité, ça pique la curiosité.
Ça s’est passé à l’Assemblée nationale du Québec.
Tempérons d’emblée la portée de l’envolée rhétorique, il s’agit d’un anticonformisme d’apparence car il est question d’une stabilité toute relative.
Pour souligner l’instabilité du marché de l’énergie et l’aversion au risque que cela induit sur les entreprises productrices, le député Haroun Bouazzi (Québec solidaire) s’est amusé à comparer le prix d’un bitcoin, d’un baril de pétrole et d’un mégawattheure.
Il se fait que sur les trois derniers mois observés, le cours boursier du BTC affiche une oscillation d’environ 10%, à l’instar du pétrole, tandis que l’électricité échangée en Amérique du Nord voit son prix varier de 100 à 150%.
La variation comparée en pourcentages fait son petit effet théâtral. Le marché énergétique semble plus farouche à dompter que celui des cryptomonnaies.
Mais ce recours inopportun à l’actif numérique comme élément de langage tend à démontrer ce que le mandataire politique ne disait pas explicitement : dans le logiciel de pensée des décideurs, le bitcoin ne constitue rien d’autre que le risque, la spéculation et, ironiquement, l’instabilité.
En plus, en se focalisant de la sorte sur le prix du BTC pour dénoncer la jungle du marché de l’électricité, le discours occulte de façon saugrenue la fondamentale question énergétique.
D’abord parce que l’architecture informatique et la sécurité de la blockchain Bitcoin reposent sur la dépense d’électricité (puissance de calculs, validation des blocs, etc.).
Ensuite, parce que le Québec et l’industrie crypto ont un passif depuis la « crise du bitcoin » de 2018 (TL;DR Les mineurs du monde entier ont voulu profiter le l’hydro-électricité bon marché de la province canadienne. Le stress sur l’approvisionnement s’est mué en crisette gouvernementale).
Quitte à jouer avec des concepts à contre-emploi, à l’instar de la « stabilité » du bitcoin en comparaison à la volatilité de l’électricité, on proposerait volontiers aux politiques une approche encore plus risque-tout : pourquoi la société d’État en charge de la production de l'électricité ne minerait-elle pas directement du bitcoin à son compte ?
En 2017 en France, le spécialiste du mining Sébastien Gouspillou avait proposé à EDF, l’énergéticien détenu par l’État français, de mettre des conteneurs de minage sur toutes les centrales hydro-électriques par exemple. Pour synchroniser consommation et production, avec en prime la possibilité de monétiser en bitcoins. Si les dirigeants l'avaient voulu, l'entreprise aurait engrangé jusqu'à 7,7 milliards $.
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