Depuis plus de 10 ans maintenant, j’organise des résidences pour mes étudiants en journalisme et en communication. J’ai en effet la chance de pouvoir compter sur la confiance de différentes écoles et universités, en particulier l’IHECS et l’EFJ, pour imaginer et expérimenter de nouvelles manières de “faire et transmettre”, pour partager mes propres apprentissages en tant que producteur de contenus, développeur éditorial et bidouilleur plus ou moins inspiré de nouveaux dispositifs d’apprentissages.
C’est aussi l’occasion de prendre un peu de recul et de se poser quelques questions sur l’évolution de technologies et de leurs usages, du rôles des entreprises et des médias, des startups et des services publics , bref, sur le monde qui nous entoure et sur le marché du travail dans lequel ils et elles vont se lancer, bille en tête, et le mieux armés possible.
Depuis 10 ans, donc, je les emmène dans d’improbables tiers-lieux, du garage d’une ancienne gendarmerie de village (truestory) jusqu’aux hammacs d’un accélérateur de startup, en passant par un minibus connecté, afin de les mettre en projet, de les pousser à faire ce foutu premier pas, le plus dur, vers l’entrepreneuriat, celui de leur propre carrière, et de vivre avec eux une expérience si pas complètement immersive, en tout cas la plus enrichissante possible, pédagogiquement et humainement, en dehors des murs traditionnels de leurs écoles.
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Remote I’m In Love
Je vous laisse quelques liens pour plonger dans les albums souvenirs de cette belle époque, à laquelle la pandémie et le “full remote” a mis un terme. Assez ironiquement d’ailleurs, puisque le nomadisme numérique est déjà mon mode de vie et de travail depuis 2010 et que, précisément, l’appropriation par mes étudiants des outils de production et de diffusion en remote constitue une part importante des apprentissages et des compétences que j’essaye de leur transmettre.
En plus de mes missions de conseils et d’accompagnement auprès de mes clients et partenaires, inutile de vous dire que je m’en suis donc donné à coeur joie au cours des deux dernières années, depuis mon bureau/studio à domicile, en utilisant entre autres Teamflow, Twitch, Ecamm, etc. (cfr. mes différentes missions)
Mais il reste que, comme tout le monde, le contact humain et les discussions autour de la machine à café, au détour d’un afterwok ou avec une réelle mobilité m’ont évidemment beaucoup manqué. En indécrotable optimiste, je suis convaincu que cette crise a eu un certain nombre d’effets positifs en faisant émerger, en accélérant et en confirmant la pertinence de certaines bonnes pratiques, le travail dans le monde d’après n’aura probablement plus la même forme et nous avons déjà tous commencé à le réinventer, chacun avec nos propres contraintes, envies et impératifs.
En ce qui me concerne, il m’apparaît évident que toutes les organisations vont devoir plus que jamais justifier le coût humain, énergétique et écologique du déplacement de leurs forces vives. Réimposer 2 heures de transports, individuel ou en commun, pour se connecter à internet, s’asseoir derrière un bureau ou dans un auditoire pour écouter un collègue lire son powerpoint n’a plus aucun sens (pour autant qu’il n’en ait jamais eu). Plus que jamais, le fait de se déplacer, physiquement, devra être “rewardé” de manière suffisante pour justifier le coût de celui-ci, et à tout le moins, offrir une vraie expérience, qualitative, et humainement enrichissante.
“Workation”
J’ai toujours trouvé assez excitant de m’appuyer sur des contraintes extérieures que je ne maitrise pas pour tenter d’en faire des forces, un peu comme en judo. Si embarquer mes étudiants en résidence, en mode matelas pneumatique et sac de couchage est désormais une option caduque, sauf à upgrader en conséquence les conditions d’hébergement, avec un coût impossible à supporter pour une école, il me semblait par contre intéressant de creuser une piste liée au nomadisme numérique et au coworking, avec les invités que j’ai l’habitude d’accueillir lors de mes sessions, pour échanger avec les étudiants.
Quelque chose à mi-chemin entre du work et des vacations, un bootcamp teambuiding pour startups dont le remote first est inscrit dans l’ADN et une résidence d’artistes réunis le temps d’une création commune, tout en ayant la latitude de travailler chacun à ses propres projets. Le tout organisé dans un lieu inspirant, cosy et équipé pour “faire autre chose que travailler tout le temps”.
Bref, vivre un chouette moment de partage, de rencontres, de discussions et de découvertes, avec des chouettes gens, dans un chouette endroit, avec un objectif: proposer à 150 étudiants en Master 1 en Marketing/Publicité une semaine de talks et de workshops en ligne sur la thématique de l’innovation et de l’entrepreneuriat.
C’est donc avec une certaine dose plaisir que je me suis mis en chasse d’un lieu qui pourrait nous accueillir, moi et la petite dizaine d’experts à qui j’ai proposé de nous mettre en résidence la semaine du 8 au 11 février 2022.
Et c’est sur Ardenne-Etapes, une plateforme dédiée à la location de gîtes, en Ardenne belge donc, que j’ai trouvé mon bonheur, bien aidé par un de mes partner in crime depuis plusieurs années, Joris, qui y travaillait à l’époque et avec qui nous avions déjà eu plusieurs fois l’intuition “qu’il y avait quelque chose à faire” pour tester cette formule hybride de travail à la campagne, slash teambuilding, slash whatever you want, but in a good mood. (full disclosure: 1) nous avions mené une réflexion avec d’autres étudiants sur ce principe, en décembre. full disclosure: 2) j’ai loué moi-même le gîte, avec une réduction de 10%. Ceci n’est donc pas un post sponsorisé).
Au total, le dispositif mis en place nous a permis de produire 6 émissions en live (presque 10 heures), avec les étudiants onboardés à la fois dans le Discord du lab pour échanger tout au long des 3 jours avec toute la communauté, ainsi que sur Twitch, en version “massive open course”. Et parce qu’on se ne se refait pas, j’ai également utilisé Teamflow, qui offre une plateforme 2D avec l’audio spatialisé, pour organiser la session finale des pitchs de restitution du spotting d’innovations pour laquelle les étudiants ont travaillé en parallèle des lives, avec NETEXPLO.
(Le programme, les objectifs et les critères d’évaluation du cours sont détaillés ici)
Retour d’expérience
En débarquant à Gedinne, dans le sud de la province de Namur, près de la frontière frontière française, le lundi soir, je n’imaginais pas l’intensité avec laquelle nous allions vivre cette semaine. J’avais bien une petite idée des connexions qui allaient pouvoir se faire entre mes invités, lesquels ne se connaissaient pas, pour la plupart, ou alors de loin, mais surtout je croisais les doigts pour que la connexion du gîte tienne le coup. Notre cordon ombilical avec le monde extérieur a heureusement tenu la montée en charge admirablement et à part une micro-coupure de courant à 2 minutes de ma prise d’antenne sur LN24 (oui, j’ai aussi fait ma chronique “Culture Numérique” en live depuis le gite :-), nous n’avons eu aucun pépin technique.
En ce qui concerne les étudiants, même si le debriefing avec eux n’a pas encore eu lieu, leurs premiers retours sont assez constructifs (cfr. le témoignage de Laurie c-dessous) et je pense que les bons ingrédients étaient rassemblés pour leur faire vivre une belle et bonne expérience d’apprentissages, malgré (ou grâce au) le full remote, réinventé, repackagé, et mis à jour avec les outils et les dynamiques d’aujourd’hui.
Et pour le reste, l’intuition initiale que ce besoin vital de “voir des gens pour de vrai” s’est concrétisée de manière assez admirable. Chacun travaillant à ses propres projets, à son rythme, en grimpant sur les lives selon ses centres d’intérêt, en faisant les courses bouffe, en cuisinant et, évidemment, en buvant aussi quelques coups ensemble en fin de journée.
Bref, je ne sais pas en quoi cette expérience est significative de que ce soit, mais en terme de façon de travailler, de recréer du lien de manière informelle, de redonner du sens au présentiel (et au distanciel), de créer de la richesse pour ceux qui y ont participé, je pense que cette façon de faire apporte des débuts de solutions à de vrais problèmes que toutes les organisations rencontrent aujourd’hui, et auxquelles elles vont devoir trouver des parades constructives pour continuer à attirer, et surtout à conserver, leurs talents, à animer le réseau de leurs forces vives et à continuer à fédérer des communautés.
J’ai en tout cas un paquet d’idées sur la manière dont des entreprises pourraient profiter d’un environnement comme celui-là pour allier l’utile à l’agréable, ramener leurs employés à collaborer IRL, ensemble, sur des vrais projets boulots ... ou sur le choix de la prochaine ballade.
Si ça vous inspire aussi, n’hésitez pas à me contacter ou à venir en discuter sur le Discord du lab !
Merci à Sophie Pochet , Talheh Daryanavard , Frédéric Moens et Jean-François Raskin pour leur confiance, merci aussi à mes acolytes, co-workeurs et co-résidents d’une semaine Jonathan Sichem, François Genette, Skan Triki, Amélie Beerens, Florian Ernotte, Sebastien Nahon, Valentin Squirelo, François Remy et Sébastien Barbieri
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