Les nouvelles conditions d'utilisation de WhatsApp ont déclenché un mercato féroce entre les différentes plateformes concurrentes (Signal, Telegram, etc.)
Qu'est-ce qui va réellement changer ? Pour qui ? Qu'est-ce que l'encryption de "bout en bout" ? Comment le GDPR encadre-t-elle (ou pas) la récolte des données ? Lesquelles exactement ? etc.
Edito, par Maxime Lerbat
Faut-il laisser tomber WhatsApp et Facebook Messenger au profit de Signal, cette application qui a le vent en poupe ces derniers jours ? C’est l’une des questions que l’on se pose depuis plusieurs jours après les révélations de WhatsApp. La messagerie utilisée par plus de 2 milliards de personnes dans le monde a mis à jour ses conditions d’utilisation: désormais, nous avons jusqu’au 8 février pour accepter le fait que WhatsApp partage nos données avec Facebook, propriétaire depuis 2014 de l’application. Cette annonce, elle a fait couler beaucoup d’encre et un tableau publié par Forbes a fait grand bruit. Un tableau qui compare les différentes politiques de confidentialité des applications WhatsApp, Facebook Messenger, iMessage et Signal. Et on se rend compte, de manière assez flagrante, que les points de données auxquels s’intéressent ces applications diffèrent largement…
En nous obligeant à accepter de partager nos données personnelles avec Facebook, WhatsApp va être dans la capacité de partager avec toutes les entreprises liées à Facebook : notre numéro de téléphone, celui de nos contacts, notre localisation exacte, notre nom et prénom, notre photo de profil, nos données Santé et sports, notre historique de recherches… Ce sont 16 points de données dont WhatsApp aura accès, 160 pour Facebook Messenger. Une autre question s’est posée ? Est-ce que ces nouvelles conditions concernent l’Europe aussi ?Alors que la RGPD, le Règlement général sur la protection des données, est censé nous protéger. La directrice des affaires publiques de WhatsApp, Niam Sweeney, s’est voulu rassurante:
« Il a été signalé à tort que la dernière mise à jour des conditions d'utilisation et de la politique de confidentialité de WhatsApp oblige les utilisateurs de la région européenne à accepter le partage de données avec Facebook à des fins publicitaires afin de continuer à utiliser le service. C'est faux. », a - t elle tweeté, avant de préciser dans un second tweet : « Il n'y a aucun changement aux pratiques de partage de données de WhatsApp en Europe suite à cette mise à jour. Il n'en demeure pas moins que WhatsApp ne partage pas les données utilisateur de la région européenne WhatsApp avec Facebook dans le but que Facebook utilise ces données pour améliorer ses produits ou publicités. »
Toutefois, la notification que l’on a probablement tous reçu peut nous laisser perplexe puisqu’elle est aussi envoyée aux utilisateurs européens et qu’il est bien notifié qu’il s’agit de « mises à jour clés », portant davantage d’informations sur la manière dont les entreprises peuvent utiliser les services hébergés par Facebook pour stocker et gérer leurs discussions WhatsApp.Et que ces conditions doivent nécessairement être acceptées avant cette date limite du 8 février 2021.
Alors, si l’on se tourne vers la messagerie Signal, qu’en est-il ? Contrairement aux points de données dont a accès WhatsApp, Signal ne connaît que notre numéro de téléphone lors de l’inscription.
De plus, il faut savoir que Signal offre un chiffrement de bout en bout. Qu’est-ce que c’est ? En anglais, le End-to-end encryption, est un système de communication où seules les personnes qui échangent entre elles peuvent lire les messages qui sont envoyés. Bonne nouvelle, ce système est également utilisé par WhatsApp, mais aussi par iMessage d’Apple. Il n’y a donc aucun moyen de déchiffrer le contenu de vos conversations durant leur transmission entre les appareils. Pour iMessage, pour WhatsApp, pour Signal, mais pas pour Facebook Messenger…ou presque. Ce n’est pas automatique et il faut activer l’option pour avoir une conversation chiffrée et sécurisée. C’est la fameuse option « conversation secrète » qu’on devrait tous utiliser sur Messenger.
Sur quel protocole fonctionne cette option des conversations secrètes ? Et bah tout simplement sur le protocole open source de Signal, qui permet donc, on l’a compris, de chiffrer de bout en bout nos échanges. Signal est une application de messagerie sécurisée, financée et développée par la Signal Foundation à but non lucratif. Tout ça nous permet de comprendre un peu mieux pourquoi Edward Snowden, le fameux lanceur d’alerte américain, ancien employé de la CIA et de la NSA qui a révélé l'existence de plusieurs programmes de surveillance de masse américains et britanniques, et qui aujourd’hui habite en Russie depuis 2013, on comprend mieux pourquoi il recommande l’utilisation de Signal. Pareil pour Elon Musk, devenu la semaine dernière l’homme le plus riche au monde, et Jack Dorsey, patron de Twitter, qui a récemment décidé de bannir Donald Trump de son réseau.Ce buzz autour de WhatsApp a clairement profité à Signal, puisque c’est à l’heure actuelle l’application la plus téléchargée de l’AppStore. Autre bonne nouvelle : si vous souhaitez quitter WhatsApp ou Facebook Messenger, vous pouvez importer votre conversation sur Signal. La question maintenant c’est : faites-vous confiance à WhatsApp et à Facebook Messenger ? Continuerez-vous d’utiliser ces messageries sachant que Signal apporte les mêmes fonctionnalités ? Si vous êtes expert en sécurité, sachez que le code source de Signal est en libre accès et que vous pourrez donc vérifier par vous-même que vos données personnelles ne sont pas collectées par l’application !