Pilote.Media est un programme de formation de trois mois, intensif, qui applique les outils de la création de startups à l’univers des médias et explore les opportunités offertes par le numérique pour développer l’entrepreneuriat dans ce secteur.
Ouvert à l’échelle de la Francophonie, avec un camp de base en Wallonie, en Belgique, ce programme s’adresse aux passionnés de l’information, de la communication et des médias qui souhaitent tester une idée, la confronter au marché et (re)devenir entrepreneur de leur propre carrière.
Initié par le consortium lab.davanac, Engine et le KIKK, soutenu par la Fédération Wallonie Bruxelles, la première édition de Pilote.Media se tiendra du 18 mars au 15 juin 2019. Les candidatures seront ouvertes dans quelques jours et 25 participants seront sélectionnés d’ici la fin de l’année. La participation est gratuite pour les jeunes diplômés, les freelances et les personnes en recherche d’emploi. Parce que. Le prix du « boarding pass » pour les salariés et les « faux indépendants », tous profils confondus, qui peuvent quant à eux bénéficier d’un plan de formation payés par leur employeur est de 2.499€/personne (htc).
+ d’infos et inscription à la newsletter pour être tenu au courant de l’ouverture des candidatures: Pilote.Media
Long Story, Do Read
Quand j’ai commencé à bloguer, en 2006, alors que j’étais journaliste, en CDI, à l’agence Belga, une l’évidence s’est imposée à moi. Il fallait, si je voulais avoir un avenir dans ce métier, que je prenne le risque de me lancer, de tester la possibilité de me construire mon propre modèle économique, en accord avec mes aspirations et mes valeurs, et de co-construire du sens aux histoires que j’avais envie de raconter grâce aux conversations avec « le marché », les individus interconnectés.
Question d’avoir deux ou trois trucs un peu intelligents à dire dans ces conversations, j’ai surtout commencé par écouter. Si je voulais avoir la prétention d’informer, il me semblait logique d’aller d’abord plonger mes oreilles sur le terrain, numérique pour le coup, et de tenter de comprendre comment il fonctionnait, quelle en était la grammaire. C’était un peu Bisounours Land à l’époque, genre la période hippie du www. On fumait des pétards dans nos caves en faisant des podcasts par skype, entre deux biberons et 8 heures de taf à Bruxelles. On pensait qu’internet allait tout changer, que la bulle de 2001 avait bien fait d’exploser avant et que Google en bourse à 80$, c’était « fair enought » pour un outil de recherche, qui était ma foi fort pas mal foutu.
Et puis les (GAF)Autres sont arrivés et, pour faire court, ont mis un sacré bordel …
C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience que le fait d’être en réseaux, physiques et numériques, me permettait de me mettre en projets de manière tellement plus efficace, plus agile et opportuniste en terme de moyens.
Provoquer un peu la chance me permettait d’en concrétiser quelques uns et je me suis alors posé la question : « Pourquoi ne pas me rendre utile en accompagnant un tout petit bout de la prochaine génération de ces communicants, en leur donnant un coup de main et au besoin, en leur bottant un peu les fesses ?«
Depuis 2009, l’IHECS, à Bruxelles, et par la suite, en 2013 l’EFJ, à Paris et Bordeaux, et ensuite l’ISIC, au Maroc, m’ont offert cette possibilité. Qu’ils soient journalistes ou futurs professionnels de la publicité, du marketing, des relations publiques, de l’éducation aux médias, de la communication à finalité non-direct-profit, au total, depuis 2011, ils sont presque 2.500 à avoir participé à un de ces « MasterCamps en résidence« , d’abord dans l’ancienne gendarmerie de mon village, à Eghezée, ensuite au CreativeSpark, dans le Brabant Wallon.
Au total, presque une centaine de sessions, en un peu plus de 7 ans, et cette année encore j’accompagne parisiens et bordelais de l’EFJ, jusqu’en janvier, les Master 1 de l’IHECS, toutes sections confondues, jusqu’en mars, et les ProCaniens rabatis, en décembre, pour vivre une accélération de leurs projets scolaires. C’est contraignant et éprouvant physiquement, sans parler de la logistique et de l’intendance familiale, mais c’est ô combien enrichissant et constructif, notamment grâce à tous les intervenants qui nous font le plaisir de venir à leur rencontre, semaines après semaine.
Ainsi, en 7 ans, les étudiants en journalisme de l’IHECS ont réussi à porter sur les fonds baptismaux presque 100 projets , en les finançant à hauteur de plus de 250.000€, notamment via la plateforme de crowdfunding développée par l’IHECS. Plusieurs de ces projets ont également fait l’objet d’un achat de la part de médias, comme la RTBF, et dans leur grande majorité, ils constituent une carte de visite plus qu’intéressante pour augmenter leur employabilité à court terme.
C’est aussi le fruit du travail de toute les équipe pédagogiques au sein des écoles et universités avec lesquelles je travaille, qui chaque année elles aussi pivotent progressivement dans leur façon de les encadrer, et je suis vraiment heureux de collaborer avec des institutions qui poussent leurs étudiants à réfléchir un peu autrement, tout en ayant conscience de la réalité du marché qui les attend.
Enfin, depuis que j’ai eu l’opportunité en 2012 de co-fonder un accélérateur de startups (NEST’up), une autre évidence et non des moindres, s’est imposée à moi: les méthodologies dites « lean » et des coachs/mentors qui s’appliquent à eux-mêmes leurs bons conseils constituent des ingrédients essentiels pour régénérer un tissu entrepreneurial local de TPE/PME, en les propulsant le plus loin possible à l’international. Les entreprises et les institutions que j’ai pu accompagner de cette manière m’ont confirmé que « faire et transmettre, en même temps » était un rythme qui donnait du sens à ma démarche, me rendait utile, même ponctuellement, même à petite dose, et me fournissait surtout de bonnes raisons de me lever avec la banane chaque matin…
A chaque fois, ce sont des personnalités, des envies, des craintes, des tempéraments différents, des projets ambitieux, des enthousiasmes et des succès variés. Mais à chaque fois, la certitude d’avoir agi « politiquement », au sens le plus noble du terme, d’avoir à mon petit niveau « hacké » , au sens le plus constructif du terme, les différents systèmes dans lesquels j’évoluais m’ont fait mesurer à quel point j’avais de la chance de croiser leurs chemins avec les miens, aux frontières du monde des médias, de l’éducation et de l’entrepreneuriat.
En parlant de « marché », une chose m’a frappé. c’est le décalage que certains étudiants peuvent encore ressentir, même après avoir fait des stages, entre leur capacité à gagner leur vie et à vivre en accord avec leurs aspirations, entre la réalité économique et leur ambition de pratiquer un métier qui avait du sens pour eux. Qu’ils soient en filière journalistique ou issus des autres métiers de la communication, du marketing ou des RP, le gap à franchir entre la fin de leurs études et l’entrée réelle dans le monde du travail nécessite parfois une dose d’agilité que certains n’ont pas pour hacker leur voie vers un emploi, disponible, ou à créer le leur de toutes pièces.
Je confesse volontiers une frustration, croissante, de voir de réels talents émerger puis parfois s’éteindre une fois leur diplôme en poche. A plusieurs reprises, j’ai embarqué certains anciens dans quelques unes de mes aventures, en Belgique mais aussi sur des missions en France, en Suisse… mais ce sentiment de ne pas pouvoir en faire assez pour leurs projets à eux m’a laissé un petit goût de trop peu, d’inachevé, de conviction qu’il avait moyen de les propulser plus loin, d’ajouter encore d’autres cordes à leur arc …
Le constat pour les professionnels déjà en poste est identique. Là aussi, l’urgence de réinventer des processus de production et des modèles soutenables se fait sentir de plus en plus fort, partout dans le monde, et encore malheureusement très récemment près de chez nous, en Belgique, avec des conséquences importantes en terme d’emplois.
C’est cette sensation d’avoir craqué plus d’allumettes que d’avoir réellement allumé de grands feux qui m’a poussé à continuer à creuser, avec Gilles et David dans un premier temps, il y a déjà plus d’un an, et puis ensuite avec une kyrielle d’autres, la possibilité de proposer un nouveau programme, pour tenter de « fill in the gap » et de mettre à profit l’expérience accumulée au cours de ces 10 dernières années.
D’autres initiatives existent déjà, en France, aux USA, en Suisse, en Asie … avec différents modèles de financement, avec ou sans equity, différentes façons d’onboarder les candidats, seuls ou équipes, et sans doute encore mille autres variations sur le même thème. Nous nous en sommes bien sûr inspirés, et nous continuerons à le faire, et au printemps dernier nous avons décidé de nous lancer et d’essayer de construire un environnement suffisamment propice pour réellement innover.
Nous y avons donc bossé, tout cet été, et comme dirait Philippe, je pense qu’il est effectivement « bien né », ce programme. Bon timing, un core team qui tient la route (merci David, Coralie, Joris, Gilles, ainsi que Benoit, Julien et ceux qui nous ont rejoint), beaucoup de bienveillance de la part de ceux qui nous en fait le plaisir de nous challenger sur les prémisses (Georges, Laurent, Lionel, Philippe, Gerome, Eric, sans oublier Simon, du KaosPilots à Copenhagen, les copains du Tank Media, Mathieu et Nicolas, et de StreetPress, Cécilia, Jo et Romain , à Paris et Marseille, Philip à Vancouver, et bien sûr ma douce et tendre Laurence, à Mehaigne ) et qui nous ont aidé à affiner notre propre proposition de valeur. Ajoutez à cela la confiance de la RTBF (merci Corinne, Georges, M. Philippot) et de l’IHECS (merci Talheh, Jean-François) pour amorcer la pompe et commencer à convaincre des écoles et médias de nous rejoindre pour collaborer avec leurs alumnis.
Nous avons aussi la chance de compter sur le soutien du ministre en charge des médias à la Fédération Wallonie Bruxelles, qui nous assure un financement à 50% de cette première édition et qui nous permet aussi de rendre la participation au programme gratuite pour les jeunes diplômés, les freelances et les chercheurs d’emploi.
Cette décision s’est imposée à nous durant l’été, alors que nous étions plutôt parti au départ sur un modèle de type MBA. Et puis nous avons opté pour le format qui permettrait au plus grand nombre, tous profils confondus (et surtout pas QUE des journalistes !) avec un maximum d’ouverture et d’inclusivité, de pouvoir nous rejoindre. C’est un vrai choix, assez radical, à l’opposé de la facilité, mais qui nous tenait à coeur.
La construction de notre propre modèle économique est un joli challenge, toujours en cours forcément, et qui nous occupera encore un bout de temps dans la mesure ou nous ne nous fixons pas de limite dans le nombre de programmes que nous allons pouvoir délivrer … potentiellement, nous sommes donc partis pour quelques années, et l’on s’en réjouis. A titre personnel, ce sont toutes mes petites planètes qui s’alignent, et c’est proprement fascinant ..
Nous allons sortir progressivement de sous le radar, avec excitation et un chouia de stress aussi, mais nous sommes convaincus que ce projet a plein de sens. Si vous avez envie d’en savoir plus, de nous aider à avancer ou de proposer vos services, de trouver des endroits géniaux où organiser les 3 résidences prévues au programme (30 personnes doivent pouvoir y vivre ensemble, pendant 5 jours), n’hésitez pas à jeter un oeil sur le site, à nous contacter en direct et à vous abonner à notre newsletter pour être tenu au courant de la suite des évènements.
Toute l’équipe sera sur le pont à l’occasion du Festival KIKK, à Namur, le jeudi 1er novembre de 17h à 18h30, bookez vos places, on en profitera pour vous parlez de la méthode pédagogique avec laquelle nous allons travailler pendant ces 3 mois et nous proposerons aussi un workshop d’une heure sur le Lean Journalism Canvas, pour commencer à tester vos idées.
Voilà, maintenant, « y’a plus qu’à …. » 😉
Let’s do it !