« Seuls 38 % des sondés de 18 à 24 ans déclarent s'intéresser à l'actualité. L'enjeu pour les médias? Simplifier le langage et réussir à vulgariser des sujets complexes. Par ailleurs, le système économique des médias est aussi à prendre en compte. Si les abonnements numériques aident peut-être certains organes de presse à survivre, «les murs payants ne répondent pas aux besoins de personnes qui recherchent leurs informations quotidiennes sur YouTube, Snapchat, Instagram, TikTok, etc. , explique Yvonne Leow, dans Poynter. Il y a un vide de reportages factuels sur ces plateformes, et c'est là que les journalistes et les créateurs peuvent apprendre beaucoup les uns des autres. »
Sur les réseaux sociaux, les créateurs de contenu débordent de leur «champ d'expertise» et s'improvisent journalistes. «
Les influenceurs ont découvert qu'il était désormais possible de gagner de l'argent et de l'influence en couvrant les breaking news
»,
Qui a gagné le procès Depp-Heard ? Les créateurs de contenu qui se sont lancés.
«
Que les médias traditionnels et les politiques veuillent bien l'admettre ou non, le monde des YouTubeurs est devenu le nôtre
», poursuit-elle, dans un contexte où le lien ténu entre les journalistes et le grand public s'effiloche. Les créateurs sont devenus des personnalités de premier plan, informant un nombre croissant de spectateurs qui, à leur tour, «
définissent le récit en ligne des grands événements
».
L'exemple du procès Johnny Depp-Amber Heard
Le procès qui oppose Amber Heard et Johnny Depp – relayé gratuitement sur YouTube par la chaîne Court TV – a ainsi été passé au microscope par des milliers d'influenceurs en ligne, ces deux derniers mois. Avec un engagement monstre sur les réseaux sociaux, l'affaire Depp-Heard est devenue une opportunité sur laquelle capitaliser. Sur TikTok,
«des détectives en herbe ont fouillé le passé à la recherche de preuves irréfutables»
. Les comptes de mèmes Instagram ont célébré la victoire de leur «Jack Sparrow». Les streamers Twitch ont réagi en temps réels, «
qu'ils aient ou non des connaissances pertinentes
», face à des spectateurs en quête de contexte et d'informations sur le système judiciaire américain. «
Un déferlement parfois violent qui a mélangé mèmes Internet, fans ultras et communautés masculinistes
»,
explique Le Monde, pointant une «tabloïdisation de TikTok».
Si ces créateurs de contenus ne sont pas des experts en droit ou en psychologie et ne disposent que de preuves incomplètes, «
des milliers de téléspectateurs les utilisent néanmoins comme source primaire pour interpréter des sujets épineux comme les abus
», note The Washington Post. Dans ce paysage médiatique, les créateurs ont ainsi tiré profit de leurs contenus «informatifs», à l'image de Christophe Orec, un créateur de contenu de 20 ans de Los Angeles, qui a posté une douzaine de vidéos sur le procès sur son compte de 1,4 million de followers sur Instagram : «
Les likes, vues, partages obtenus permettent de monétiser votre compte, gagner plus d'argent, rencontrer davantage de gens et constituer un réseau.
» La créatrice de contenu Alyte Mazeika a gagné 5 000 dollars en une semaine en orientant le contenu de sa chaîne YouTube sur la couverture et l'analyse non-stop de procès,
Face à un tel succès, les créateurs sont désormais déterminés à creuser le sillon des breaking news à travers des contenus divertissants et ainsi, concurrencer directement les médias d'information.
Un message pour les médias traditionnels ?
Ce phénomène est un enseignement pour les médias traditionnels. Selon
le Baromètre de confiance dans les médias Kantar-Onepoint pour La Croix
, une proportion importante de jeunes expliquent qu'ils évitent les informations des médias traditionnels car «
ils préfèrent une info rapide, directe et facile d'accès». «Ils privilégient le format vidéo, et accèdent beaucoup à l'actualité à travers les commentaires sur Instagram, YouTube ou les plateformes de streaming comme Twitch
»,
explique Anna, étudiante en journalisme au média.
Seuls 38 % des sondés de 18 à 24 ans déclarent s'intéresser à l'actualité. L'enjeu pour les médias? Simplifier le langage et réussir à vulgariser des sujets complexes.
Par ailleurs, le système économique des médias est aussi à prendre en compte. Si les abonnements numériques aident peut-être certains organes de presse à survivre, «
les murs payants ne répondent pas aux besoins de personnes qui recherchent leurs informations quotidiennes sur YouTube, Snapchat, Instagram, TikTok, etc.
explique Yvonne Leow, dans Poynter.
Il y a un vide de reportages factuels sur ces plateformes, et c'est là que les journalistes et les créateurs peuvent apprendre beaucoup les uns des autres.
»