Chronique publiée le samedi 17 mai dans la magazine Victoire (Le Soir)
Le très sérieux New York Times s’est fendu récemment d’un article faisant toute la lumière sur cette forme moderne d’exclavagisme que s’auto-infligent certains bloggeurs. Deux d’entre-eux, certes pas les plus juvéniles de la bande, ont en effet payé de leur vie leur entêtement à suivre l’actualité en direct 24h/24 et à rendre compte sur leurs médias personnels et participatifs. Bigre, en voilà des morts bien stupides, alors qu’il est si simple de décéder d’un bon vieux cancer du colon ou de profiter tranquillement de son Azheimer à la Sénieurie des Pins Fleuris…
Pour beaucoup de gens, ces bloggeurs professionnels ne sont en effet que des mutants qui ne cherchent qu’à piquer le boulot des honnêtes journalistes. Alors, forcément, quand deux de ces gâche-métier s’infarctusent du myocarde ou se rupturent l’anévrisme, la Grande Presse ne se prive pas de souligner cette menace de force 5 sur l’échelle des activités humaines.
Si elle n’a pas complètement tort, force est tout de même de constater que c’est grâce à ces forçats qui osent enfin la rouvrir que la liberté d’expression a pris un second souffle sur la Toile. La preuve avec tous ces projets éditoriaux (Mediapart, rue89, LePost, Medium4you qui pullulent ces derniers temps, parfois un peu zarbi et quelque fois financièrement intenables, mais dont l‘alchimie est en train de changer le monde.
Ca cause, ça s’exprime, ça crée, ça vitupère et ça argumente à qui mieux mieux. Ca remet en cause les pouvoirs en place, ça tire des plans sur la comète et parfois s’égare à des années lumières de la réalité… mais jusqu’à présent, leurs messages mettent toujours autant de temps à s’afficher que ceux des émirs et des présidents. On appelle ça la neutralité des réseaux . Ca peut paraître futile, mais au vu des intentions affichées par certains opérateurs, je vous jure que ça ne l’est pas !
En fait, mourir en blogguant, c’est presque un acte de résistance …