« Quand on propose une archive qui a cinquante ans sur un sujet sur lequel l’opinion publique a radicalement changé, ça permet à une cible plus jeune d’être informée sur le passé, de comprendre comment les choses ont évolué. Ça permet aussi d’ouvrir la discussion, de faire vivre les échanges entre les internautes. C’est souvent quelque chose d’assez surprenant, notamment pour les plus jeunes, parce que ça permet de mesurer le chemin parcouru sur certains sujets sociétaux. »
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Comment les nouveaux médias s’emparent-ils des archives pour donner de la perspective à l’actualité ? Céline Daugenet, co-créatrice de Simone, un média vidéo “féministe et engagé” sur les réseaux sociaux, nous parle de son utilisation des archives et de leur intérêt pour le public, notamment les plus jeunes.
Quelle est la proposition éditoriale de Simone Media ?
Céline Daugenet : Simone Media a été lancé en 2018. C’est un média 100% réseaux sociaux et vidéo, qui a pour objectif de s’adresser à une communauté plus jeune qui ne consomme plus l’information via les magazines et la télévision. C’est aussi un média qui est arrivé après #MeToo, donc l’idée était également d’avoir un média féminin, qui casse les codes et s’adresse à toutes les femmes. Un média qui leur donne de la visibilité, parce que l’on se reconnaissait peu dans les médias féminins traditionnels.
Nous sommes présents uniquement sur les réseaux sociaux. On a débuté par Facebook et Instagram, on est également présent sur Twitter, TikTok et Snapchat aujourd’hui. On vient d’ailleurs de lancer le “JT de Simone” sur Snapchat. Nous avons au départ fait beaucoup de témoignages, comme notre format “Story” qui a très bien fonctionné immédiatement. On s’est depuis diversifié, en explorant d’autres typologies de contenus, tant en vidéo que dans les publications dites “fixes” sur les réseaux.
Comment se distinguer, dans un univers médiatique où la vidéo est omniprésente en ligne ?
CD : Nous sommes arrivés sur le marché en 2018. Brut venait de se lancer, Konbini existait déjà, Fraîches se faisait également connaître. Notre parti pris a tout de suite été d’adopter un ton très particulier, c’est-à-dire de faire un média d'infotainment, qui mélange de l’information et du divertissement, avec une narration qui colle à celle des réseaux sociaux. On a beaucoup utilisé les mèmes, les gifs pour raconter des histoires, parfois même assez sérieuses, pour s’adresser à cette communauté-là et la toucher de manière efficace.
Je ne crois pas que l’on ait inventé des formats, puisque les "face caméra” existaient déjà. Mais on revendique un ton, une proposition, un traitement de l’image, une narration assez différente de ce que l’on trouve sur le marché, tout comme notre ligne édito “pop et engagée”. Ce sont des sillons que l’on continue de creuser.
Parmi vos choix, celui d’utiliser des images d’archives. Pourquoi ?
CD : On en utilise beaucoup. La première fois, ce fut pour nos portraits, comme ceux de Simone de Beauvoir ou Françoise Dolto. Pour nourrir ces sujets qui font environ 1mn30, on s’est appuyés sur des images d’archives. Pour nous, elles sont très intéressantes car elles permettent de mettre en perspective. Si l’on parle du combat féministe par exemple, on peut mesurer l’évolution des mentalités ou celle de la législation, via la comparaison avec des images d’archives.
On l’a également fait dans le cadre de courts extraits que l’on a parfois isolés pour montrer à notre communauté comment les choses ont évolué. Par exemple, en utilisant des images de micro-trottoirs sur l’avortement. C’est très frappant et le public en redemande !
Quel est l’intérêt réel de ces images d’archives pour le public ? Est-ce une question de nostalgie ?
CD : Ça fonctionne bien notamment parce que ces images font appel à des ressorts intéressants sur les réseaux sociaux : ceux de l’émotion ou de l’indignation. Quand on propose une archive qui a cinquante ans sur un sujet sur lequel l’opinion publique a radicalement changé, ça permet à une cible plus jeune d’être informée sur le passé, de comprendre comment les choses ont évolué. Ça permet aussi d’ouvrir la discussion, de faire vivre les échanges entre les internautes.
C’est souvent quelque chose d’assez surprenant, notamment pour les plus jeunes, parce que ça permet de mesurer le chemin parcouru sur certains sujets sociétaux.
Vous trouvez ces images sur la plateforme mediaclip de l’INA. En quoi répond-elle à vos besoins ?
CD : Beaucoup d’entre nous viennent de la télévision traditionnelle. Nous avions déjà l’habitude d’utiliser des archives, mais nous faisions parfois face à des problèmes de droits. Aujourd’hui, mediaclip nous permet d’être plus réactif et de commander une archive pour l’avoir dans les heures qui suivent,
Cette offre de l’INA répond très bien à la problématique de l’immédiateté puisqu’elle nous met à disposition des archives qui sont utilisables en l’état, dans lesquelles on peut piocher de façon agile et rapide. On va ensuite pouvoir exploiter des extraits comme on le souhaite.
Grâce à un catalogue éditorialisé avec des milliers de vidéos clé-en-main, l’offre mediaclip de l’INA permet aux médias et créateurs de contenus vidéos d’accéder à un catalogue inédit d'archives prêtes à publier. Quel que soit le rythme de votre production, les forfaits sont conçus pour s’adapter à vos besoins !